Internet et les réseaux sociaux sont devenus des médias à part entière. Pourtant, dans la majorité des cas, les publications ne sont pas effectuées par des professionnels.
Les rumeurs sont facilement relayées. Parfois, ils visent un produit particulier, une recherche rapide sur le sujet moisissure Sophie la girafe confirme qu’il s’agit d’une fausse information. Malheureusement, les intox provoquent des conséquences dramatiques et prendre les mesures appropriées est impératif.
Les conséquences néfastes des fausses rumeurs sur Internet
Quand les personnes lisant une rumeur agissent sans réfléchir, sans prendre le temps de vérifier une information, les conséquences sont dramatiques. En Inde, rien que cette année, une vingtaine de personnes sont mortes, lynchées par une foule en colère. Deux exemples espacés d’une semaine illustrent la gravité de la situation.
La semaine dernière, à Singrauli, la foule a passé à tabac une jeune femme de 25 ans jusqu’à ce qu’elle meurt. Une fausse nouvelle sur WhatsApp l’accusait de kidnapping. Une semaine plus tôt, c’était un ingénieur de 27 ans qui a trouvé la mort dans des circonstances similaires. Son principal défaut était sa gentillesse, il avait fait plaisir aux enfants en leur donnant du chocolat. Le résultat ? Plus de 2000 individus ont passé leurs nerfs sur lui.
La liste risque de s’allonger quand on parle de l’Inde. Généralement, ces explosions de violence sont favorisées par des messages relayés sur le réseau WhatsApp. Le kidnapping d’enfants et la criminalité sont des thèmes particulièrement sensibles. Quand une personne désigne un coupable, la réaction ne se fait pas attendre. Les fauteurs de trouble visent surtout les migrants, des femmes vivants seules ou des personnes appartenant à une minorité ethnique.
Recouper les informations : les bons réflexes à adopter
Remonter à la source d’une information permet de connaître les propos exacts de l’auteur. Quand elle est reprise plusieurs fois ou traduite à partir d’une autre langue, l’info est parfois déformée. Adopter cette approche est également conseillé sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, plusieurs logiciels et autres applications facilitent le trucage de photos. Effectuer une recherche au sein de « Google image » indique si une photo a déjà été utilisée dans un autre contexte. En cas de doute, il est préférable de ne pas la partager.
Les lanceurs d’alerte se multiplient sur les réseaux sociaux. Seulement une poignée se démarque par la fiabilité de leurs sources tandis que les autres se contentent de relayer un contenu pioché partout sur Internet. Consulter le site d’une agence de presse professionnelle constitue alors un bon réflexe.
Actif depuis plus de 15 ans, le site hoaxbuster.com est devenu une encyclopédie des canulars. Il suffit de taper un sujet pour savoir s’il agit d’une rumeur recensée ou non. Des journaux ont aussi lancé des initiatives facilitant la compréhension de l’actualité. On peut citer entre autres Check News de Libération. Des journalistes répondent aux questions posées par les internautes.
Fake News : les solutions à long terme
Une réglementation plus stricte
Le gouvernement indien a décidé de prendre les taureaux par les cornes. Aujourd’hui, les lois en vigueur qualifient les lynchages de crime public. Comme il n’est pas mentionné dans le Code pénal, les autorités judiciaires ont du mal à mener une enquête correcte. La responsabilité d’établir la vérité revient alors aux médias.
En attendant, neuf personnes ont été arrêtées après le meurtre à Singrauli. La police essayera de découvrir celui qui était au début de la chaîne et avait fabriqué cette information de toutes pièces. La responsabilité de ceux qui l’ont relayé sera également mise en cause.
Plusieurs pays ont adopté des lois contre les fake news et les discours haineux. Par exemple, en Allemagne, les réseaux sociaux sont encouragés à retirer les insultes et les appels à la violence dans un délai de 24 heures. S’ils ne le font pas, ils encourent une amende pouvant atteindre 50 millions d’euros.
Des acteurs plus responsables
Un site ou un blog sont responsables du contenu qu’ils publient. Les responsables peuvent aussi effectuer une modération des commentaires avant de les publier. Ils pourront alors supprimer les contenus inappropriés. La situation est plus délicate sur les réseaux sociaux. Les messages, les images et les vidéos sont tellement nombreux qu’il est parfois difficile d’isoler les rumeurs et les montages.
Après que le gouvernement l’a menacé ouvertement, WhatsApp a réagi en apportant quelques modifications. Elle a retiré le raccourci permettant de partager rapidement un message comportant des pièces jointes.
De son côté, Facebook applique une nouvelle approche visant à retirer rapidement les fausses informations. Elle collabore avec des organisations locales pour déterminer si une publication représente un risque majeur. Les tests sont en cours au Sri Lanka, la méthode sera ensuite adaptée aux contextes propres à chaque pays.
Des médias français et brésiliens mèneront des actions communes pour enrayer la désinformation sur Internet. Baptisé Comprova (Vérifier), ce projet commencera en août 2018.
Une meilleure éducation citoyenne
Recouper les informations n’est pas une attitude « naturelle », même les journalistes chevronnés se laissent parfois avoir lorsqu’ils comptent tenir un scoop. L’initiative menée par l’association brésilienne Imprensa jovem pourrait inspirer les autres intervenants. Elle mène dans plusieurs écoles de l’État de Sao Paulo des cours apprenant aux élèves de 8 à 14 ans comment distinguer le vrai du faux. Dans d’autres écoles, les enfants participent à des cours d’éducation médiatique.